Elodie Fuchs

Danse : Tania Carvalho

Par ELODIE FUCHS, publié le jeudi 14 avril 2016 17:53 - Mis à jour le jeudi 14 avril 2016 17:53

Weaving Chaos / Tania Carvalho

J’ai souvent été frappée ces dernières années par la pertinence de la danse contemporaine à traduire notre monde actuel, parfois plus profondément que ne le peut la littérature contemporaine. « Weaving chaos » est pourtant a priori une oeuvre surtout ancrée dans l’histoire culturelle européenne. J’ai eu du mal à saisir comment cela se faisait -  probablement du fait des costumes et du maquillage - mais on voit par exemple souvent passer dans ce spectacle des images qui évoquent celles que l’on trouve sur les poteries de la Grèce Antique. En même temps j’ai souvent pensé, dans la façon dont le groupe important de danseurs sur scène se disloque et se rassemble, à « May B » de la chorégraphe française Maggy Marin. Pour le spectateur qui a un peu de culture visuelle, « Weaving chaos » fourmille de références.
    Mais ce qui m’a le plus frappée, c’est de voir comment Tania Carvalho superpose à ces évocations certaines icones du photojournalisme - cette petit femme nue qui court sur scène le visage hurlant en silence, comment peut-elle être quelqu’un d’autre que cette enfant courant sur la route d’Hiroshima? Tania Carvalho me semble alors interroger avec une grande intelligence une posture de l’homme,  née dans la nuit des temps, dont je n’avais pas pris conscience à quel point elle habite aujourd’hui les images de notre monde médiatique : celle de l’homme qui craint que le ciel ne lui tombe sur la tête.