Elodie Fuchs

François Cervantes

Par ELODIE FUCHS, publié le jeudi 14 avril 2016 17:51 - Mis à jour le jeudi 14 avril 2016 17:51

Prison Possession / François Cervantes

Je ne sais pas comment j’ai ignoré jusqu’à ce jour le travail de François Cervantes et de la Compagnie l’Entreprise. « Prison possession » est une oeuvre magistrale, au sens où elle est celle d’un maître du théâtre vivant. François Cervantes, seul en scène, nous montre qu’il est possible de conserver une éthique dans d’art. Seul en scène, il nous rend compte de son dialogue avec Erik. Erik est en prison. François documente leur correspondance. Cette prison n’est pas une fiction. C’est la réalité d’Erik. Elle nous tend un miroir de certains pans de notre réalité.
    François ne fait pas parler Erik comme on le ferait d’une marionnette, il ne lui donne pas la parole en lui tendant un micro ; il le fait apparaître en lui. Il ne le joue pas - c’est là où la ligne éthique de Cervantes apparaît. Il ne joue pas à être un autre : il donne à cet autre une place en lui. Le dispositif qui lui permet cela, c’est la possession. Immobile et digne, il laisse la voix d’un autre, absent, lointain, passer par lui. Erik nous bouleverse par son réel, François nous bouleverse par son respect. Et c’est une magnifique leçon sur ce que le théâtre peut entre les hommes.